Le surnom "du ou del Brouillard" fut attribué à l'un de vos ancêtres vers le XIIème ou XIIIème siècle à l'époque de la formation des noms de famille, en raison de son lieu d'origine. Ce nom s'est construit d'après le thème "brouil". en langue d'oc, le terme "brolh, broulh (le "lh" occitan avait le son mouillé "lle", comme dans mouille), équivaut au "breil et breuil" de la langue d'oïl. Au Moyen-Age, le mot "breuil", d'origine gauloise, désignait un bois humide. Jusqu'au début de ce siècle, ce nom s'appliquait, dans certaines régions, à un petit bois clos servant de réserve aux gibiers. Il a laissé son nom à de nombreux lieux-dits et villages. C'est donc parce qu'il habitait près d'un bois, d'un breuil, d'un broulh, ou parce qu'il venait d'un lieu-dit ou village s'appelant "Le Broulhard" (non attesté) que votre ancêtre a été différencié et surnommé ainsi par ses contemporains.
Au Moyen-Age, quand la paroisse comptait un certain nombre d'écarts habités, les gens du village avaient l'habitude de dénommer ses voisins éloignés en fonction de la toponymie de l'endroit qu'ils habitaient. On peut imaginer votre aïeul être identifié dans les actes administratifs par la mention "Jehannes dict du brouillard" (Jean dit du breuil). Mais ce nom peut aussi être originaire de langue d'oìl et correspondre à une forme régionale de Breuillard. Le breuil a donné de très nombreux patronymes tels Breuil, Breuilh, Breil, Bruel, Dubreil, Breuillot, Brouillet, Broillat, Breuillard, Brouillet, Broullon, Brouillot, Brolhat, Brouillonnet, etc.

Quelques mots d'histoire vous permettront de bien comprendre le contexte dans lequel le nom BROUILLARD a évolué. Dès le Vème siècle, après la période romaine qui avait apporté le modèle des noms multiples (César s'appelait Julius Caìus Caesar), le christianisme triomphant, à l'instar des Francs germains, impose le système du nom unique. En attribuant un nouveau nom le jour du baptême, tels Bernard, Louis ou Victor, les chrétiens voulaient marquer une rupture avec le monde ancien et symboliser l'entrée dans un monde nouveau. Désormais, nos lointains ancêtres ne portent plus qu'un seul nom, celui qu'ils ont reçu le jour de leur baptême.

Au bout de cinq siècles de cette pratique, le nom unique va se heurter à de nombreux problèmes d'homonymie dus à un essor démographique sans précédent. En effet, pendant cette période des XIème, XIIème et XIIIème siècles où se sont formés les noms de famille, la population française aurait triplé, passant de 5 à 15 millions d'habitants. Lorsqu'une majorité d'individus portait les mêmes noms, le choix se limitait aux noms les plus illustres, notamment ceux des saints, il est alors facile d'imaginer porquoi le système du nom unique a volé en éclats.

Pour contrecarrer ces homonymies, nos ancêtres ont naturellement fait appel aux surnoms, c'est-à-dire qu'un qualifiant complémentaire au nom de baptême vient préciser l'identité. C'est ainsi que Bernard devient Bernard le grand, Louis le pieux, Victor du mont ou Bertrand le barbu. Ces surnoms étaient tirés soit de l'aspect physique de la personne, tel "le chauve", soit de son lieu d'origine, "du chemin", soit de son métier "le boulanger", soit de ses moeurs "cornevin" (qui corne, qui réclame du vin) ou tout simplement ils exprimaient une continuité du nom de baptême comme Michelin pour Michel.

Pourquoi le nom BROUILLARD s'est-il fixé en nom de famille? Le surnom a d'abord affecté un homme, puis toute la "maisonnée". Cette application "collait à la peau" de vos aïeux, c'était la maison "des Brouillard". Et dans les actes administratifs, les rôles d'impôts, etc. qui sont à l'origine de la transmission héréditaire, les scribes notaient, s'il n'avait pas encore de surnom, l'identité de l'individu, par la mention du type "Johannes du Brouillard", puis plus tard pour le fils, "Jacobus filius Johanni dict Brouillard"(Jacques fils de Jean dit), puis pour faire court "Jacobus Brouillard" (sous entendu "fils de"). Ainsi le surnom du père se transmet. Vous êtes en France, environ 2 000 porteurs de ce patronyme, principalement dans le Nord, la Haute-Saône, l'Aube, le Pas-de-Calais et la Marne.

Synthèse réalisée par Jacques BODRAIS
d'après les auteurs Al. Dauzat, M. Th Morlet
Source: http://notrefamille.com

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